Près d’un demi-million de travailleurs québécois ont déclenché une grève générale à l’échelle provinciale le 9 décembre, dont 400 000 membres d’un Front commun qui représentait toutes les principales fédérations syndicales du Québec, y compris les travailleurs de la santé, les enseignants et les employés du gouvernement, ainsi que 34 000 enseignants dans un syndicat distinct, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).
La grève générale est devenue le point culminant du mouvement anti-austérité, qui avait commencé au printemps lorsque 30 000 étudiants ont entamé une grève de deux semaines intitulée Printemps 2015.
Le budget d’austérité du premier ministre du Québec, le gouvernement libéral Couillard, a réduit les dépenses de santé publique de 30% ainsi que des coupures importantes dans le budget de l’éducation et des services publics.
Au cours de l’été 2015, alors que le gouvernement libéral ne montrait aucun signe de modification de sa feuille de route d’austérité et continuait d’exiger d’importantes concessions sur les salaires, les retraites et les conditions de travail, les négociations contractuelles avec les syndicats ont abouti à une impasse.
En colère contre l’échec des négociations, les travailleuses et travailleurs syndiqués ont donné à la direction un mandat de grève tournante de six jours pour contester, entre autres, le gel des salaires dans le secteur public du Québec et les coupures dans les services de première ligne.
Utilisant le discours Refusons l’austérité, qui s’était généralisé dans toute la province, le Front commun a lié la grève du secteur public non seulement à une lutte monétaire et conditions de travail, mais à un champ de bataille pour défendre l’État social du Québec.
« Avec des manifestations de parents devant les écoles, des élèves votant pour une grève d’une journée le 5 novembre, et le soutien de la majorité de la population, etc. Réalisant cette rare opportunité, les syndicats ont associé les négociations contractuelles avec le mouvement anti-austérité », Sonia Ionescu, McGill Daily, 02 novembre 2015.
Le 26 octobre, plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic ont entamé une série de journées régionales de grève tournante, qui deviendront le plus grand mouvement syndical de l’histoire du Québec.
« Sur chaque ligne de piquetage, le soutien du public était palpable. Cela a été confirmé lorsqu’un sondage d’opinion a montré que les syndicats avaient un soutien deux fois plus important que le gouvernement.* Toutes les étoiles de la lutte semblaient s’aligner dans la perspective de la grève générale de trois jours du Front commun prévue début décembre. Les élèves et les groupes communautaires se sont préparés aux débrayages les mêmes jours. On aurait dit qu’une grève sociale fermerait le Québec », Alain Savard, ISR, été 2016.
Le Front commun avec un mouvement syndical historique, le soutien du public et une décision de la Cour suprême du Canada de la Saskatchewan (2015), reconnaissant que la liberté d’association était un droit collectif pouvant aller jusqu’au droit de grève, décidant de ne pas exploiter le plein potentiel de la grève du secteur public, et dans un dernier effort pour parvenir à un accord, a annulé la grève.
« Cela a eu pour effet une douche froide sur l’adhésion au syndicat, et cela a profondément désorganisé les étudiants et les groupes communautaires. Sous la pression de l’intransigeance du gouvernement au-dessus et des pressions de la base ci-dessous, les responsables syndicaux ont finalement appelé à une grève générale d’une journée dans le secteur public le 9 décembre,, mais désormais désynchronisée avec les autres secteurs. Néanmoins, la grève a été la plus importante de l’histoire du Québec, avec un total de 435 000 travailleurs en piquets de grève », Alain Savard, ISR, été 2016.
Le dimanche 20 décembre 2015, lors d’une conférence de presse à Montréal, les dirigeants syndicaux satisfaits ont révélé à la population du Québec les détails d’une entente de principe conclue avec le Conseil du trésor, l’organe de négociation des employeurs publics du Québec.
Le président de la Centrale des syndicats nationaux (CSN) Jacques Létourneau, le porte-parole du secrétariat intersyndical des services publics (SISP), Lucie Martineau et le président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Daniel Boyer, ont trompé le fait qu’ils avait persuadé le gouvernement, dans un éclair de négociation de 13 heures, de passer de son offre initiale de 3 pour cent d’augmentation de salaire sur cinq ans à des augmentations salariales équivalentes à 10,5% sur cinq ans.
La demande salariale initiale du Front commun visait une augmentation du taux horaire de 13,5% sur trois ans, à l’époque où le Conseil du trésor offrait 3% sur un contrat de cinq ans.
Bien que le Front commun a barrissement l’accord de cinq ans, celui-ci comprenait un gel des taux de rémunération de deux ans avec des augmentations de 1,5, 1,75 et 2% respectivement les deuxième, troisième et quatrième années. L’accord de principe n’a pas fait grand-chose ou rien envers le mouvement anti-austérité, une impulsion que le Front commun avait embrassée tout entier.
« Est-ce que les leaders syndicaux ont eu peur? Ont-ils été lâches? Sont-ils davantage conservateurs que leur base? Manquent-ils d’ambition? Sont-ils incapables de lire la conjoncture favorable qui se présente à eux? Difficile de répondre à ces questions, mais une chose demeure, le gouvernement libéral peut se frotter les mains: il n’avait aucune carte en main et voilà qu’il remporte la mise si facilement, et la population, toujours aux prises avec un État social amoché, perd collectivement »,
Malheureusement, le mouvement syndical le plus important du Québec, la grève historique de 2015, n’a réalisé que de modestes hausses salariales qui ont favorisé l’appauvrissement des travailleurs et travailleuses de la santé, une concession sur les retraites, des améliorations insignifiantes des conditions de travail et n’ont rien fait pour empêcher la détérioration des services publics.
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